La dimension mystique et mariale dans l’œuvre de Médard Bourgault

Il est impossible de comprendre l’œuvre de Médard Bourgault sans reconnaître la place profonde qu’y occupe le mysticisme catholique. Toute sa pratique artistique repose sur une relation intime, presque silencieuse, avec le sacré. Chez lui, la sculpture n’est pas seulement un métier : c’est un acte de dévotion, un prolongement de la prière.

1. Une foi vécue, concrète, enracinée

Médard n’était pas un théologien. Il était un homme du peuple, mais sa foi était forte, constante et vécue dans chaque geste. Sa manière de sculpter – lente, humble, tournée vers le détail expressif plutôt que vers la virtuosité académique – reflète un rapport intérieur au divin, un rapport plus vécu que démontré.

2. La Vierge Marie : cœur de sa spiritualité

Parmi tous les thèmes religieux qu’il a représentés, la figure de la Vierge Marie tient une place centrale.

Ce n’est pas une présence décorative. C’est une présence spirituelle, presque familiale.

Dans son atelier, la Vierge n’était pas un sujet comme un autre : elle était une présence intime, une source de calme, de force intérieure, de consolation. Cette relation mariale imprègne son travail d’une douceur et d’une dignité qui n’appartiennent qu’à lui.

C’est pourquoi ses Vierges ne ressemblent pas aux modèles importés d’Europe : elles portent le visage du Québec, la solidité des femmes du fleuve, l’humanité de la vie rurale.

3. Un mysticisme discret, mais puissant

Médard ne parlait pas de sa foi comme un prédicateur. Il ne cherchait pas à convaincre. Mais sa sculpture respire quelque chose que beaucoup d’artistes n’ont jamais su atteindre : un rapport direct, presque mystique, entre le bois, les mains et le sacré.

Dans son œuvre, la foi n’est jamais théorique : elle se manifeste dans l’expression du regard, la tension du geste, l’épaisseur du silence autour de ses personnages.

C’est un mysticisme incarné, enraciné dans la matière même.

4. Pourquoi cette dimension doit être préservée aujourd’hui

Cette profondeur spirituelle n’est pas un détail. C’est ce qui fait de l’œuvre de Médard un patrimoine vivant.

La réduction de son art à du simple « folklore » ou à un attrait touristique vide son œuvre de ce qui la porte depuis l’origine : une quête intérieure, une relation personnelle et mariale au divin.

Sans cette compréhension, toute gestion ou transformation du Domaine risque de trahir l’esprit de lieu.

Le Domaine n’est pas un parc public, ni un espace récréatif. C’est un lieu de création sacré, habité par une foi réelle et une dimension mystique qui doivent être respectées.

Conclusion

La force de Médard Bourgault tient à cette alliance unique entre :

Ignorer cette dimension, c’est perdre ce qui fait de son œuvre l’une des plus grandes contributions spirituelles de l’art québécois.